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NOTE D’INTENTION :
J’étais à la Havane pour quelques concerts au début de 2020. Le souvenir des histoires que me racontait mon grand-père me sont revenus par bouffées. Au milieu des gaz d’échappement, des vieilles Cadillac, il y avait mon grand-père enfant dans son pays natal… J’ai alors ressenti le besoin de faire entrer l’histoire de mes ancêtres dans le territoire des contes… Un peu à la manière d’un griot, il m’a semblé nécessaire de dire le passé, de dire ma grand-mère sicilienne rapatriant ses enfants à Caracas, mes aïeux fuyant Mussolini, ma mère enfant à Tunis… De ne pas laisser partir ces récits de vie, comme une mythologie intime qui rejoindrait l’Histoire et de tisser ce lien avec les ancêtres, ceux de la famille, ceux que nous avons en commun, les ancêtres de la tribu occitane, française, mondiale.

 « Je » c’est Jeremy Couraut, leader du trio afro rock « Djé Balèti ». Le son de ce trio est un syncrétisme de culture méditerranéenne et caribéenne, d’occitan, de rock 70’s et de musique du monde. Après 10 ans de créations, trois albums et des centaines de concerts, le temps est venu pour moi de m’adresser à l’intime en dehors des tempêtes électrique en états de transe du trio, j’ai besoin de consulter les ancêtres, de leurs faire une place dans ce monde qui veut aller de plus en plus vite, de les dire dans un enchevêtrement de chansons et de poèmes. De fait, les personnages de la religion carnavalesque et de la santeria cubaine ont trouvés naturellement leurs places à leurs côtés comme figure tutélaires, personnages évoquant notre rapport à la nature, aux mystères de la vie et de la mort. « Ancêtres » (nom provisoire) a le projet de dire ce monde-là en musique.
En duo avec Javier Compos, percussionniste de la havane, qui est à la fois l’interlocuteur, le miroir, et le témoin dans ce projet. De réparer cette manie que nous avons prise de mettre le passé à la poubelle et enfin, de faire apparaître les liens étonnant qu’il peut y avoir entre deux cultures qui semble éloignées.

Jeremy COURAUT
Chanteur et espinaire

Au commencement, il y a deux aires géographiques, la Méditerranée et les Caraïbes, deux régions métissées fort éloignées l’une de l’autre, qui fusionnent dans les veines de Jérémy Couraut, fondateur et leader de Djé Balèti. Un père d’origine cubaine né à Caracas, une mère aux racines siciliennes et tunisiennes, élevée au Venezuela : ses parents l’entraînent dans tous leurs voyages.


Sa quête d’identité, Jérémy l’accomplit en musique. À la source, il y a des icônes du rock : Jimi Hendrix, Led Zeppelin, les Stones… Au fil du temps, il tente de s’émanciper, de définir sa propre bande-son, de trouver sa voie : il joue de la musique des Balkans, traîne avec des gnaouas à Marrackech, bosse dans une école de musique au Brésil, appréhende la musique du Sud de l’Inde et celle de Grèce et d’Egypte…

Finalement, la réponse viendra d’un livre d’Annie Sidro, historienne du carnaval de Nice. Sur une gravure, au milieu des trompes énormes du mythique Orchestre de la Vespa (l’Orchestre de la guêpe), un instrument à cordes : l’Espina, une « épine », un « dard », un instrument allongé, au corps de calebasse, aujourd’hui disparu. Jérémy demande à Jérôme Desigaud, luthier, d’en façonner un. Lui-même l’électrifie. Il a trouvé son langage.

Javier COMPOS MARTINEZ
Chanteur et percussionniste

Né à La Havane, dans le quartier populaire “el Cerro”, il a commencé à jouer de la percussion à l’âge de 7 ans. Peu après il intègre l’ensemble de carnaval le plus célèbre de Cuba, la Comparsa “El Alacrán”, et s’initie aux percussions et chants traditionnels aux côtés de grands maitres tels qu’Angel Bolano et Regino Gimenez.

La particularité de la musique afro- cubaine est de se transmettre oralement, il n’existe aucun livre proposant l’enseignement de ce répertoire. Pédagogue réputé, Javier enseigne depuis 20 ans à des percussionnistes amateurs et professionnels congas, batas, bongos, cajon chekere et chants traditionnels.

Javier a participé à de nombreuses formations musicales et tourné à travers l’Europe, la Caraïbe, l’Amérique du Sud et l’Asie avec notamment Obá Ilú de Gregorio “El Goyo” Hernández, Bayuba Cante, Mark Lotz, Marta Galarraga, Omar Sosa, Orlando Poleo, El Hadj N’Diaye, Julien Lourau, Rumbabierta, Caratini Jazz Ensemble, Argel de la Habana, La Llave.


Javier Campos Martínez est un des plus grands spécialiste de la percussion cubaine en France. Il s’y est installé à la fin des années 1990, après avoir été invité par le saxophoniste hollandais Mark Lotz avec lequel il a collaboré sur plusieurs albums.